Pour de nombreux amateurs d’art compétents en Belgique et à l’étranger, on ne présente plus Marguerite Brouhon, déjà représentée dans plusieurs musées. À Virton, elle a laissé, pour la plupart des gens, l’image d’une femme fantasque, rebelle et même marginale. Ramener à ce portrait hâtif cette peintre si connue, qui fut aussi illustratrice, conteuse, poétesse et écrivaine, serait pourtant trop réducteur. La confiner dans l’illustration de quelques fées, de nombreux chats et, çà et là, de lugubres carrosses à têtes de morts, ne le serait pas moins. Il est temps de rendre justice à celle qui, très tôt, se fit remarquer dans les capitales, Bruxelles et Paris, et qui voyagea et vécut au gré de son désir – en Italie, en Grèce, en Yougoslavie, en France et dans d’autres pays du sud, recueillant partout les fruits d’une liberté constante.  
Grâce à ses voyages, elle a développé des qualités presque inimitables qui en font une artiste inclassable, mais en en payant nécessairement souvent le prix de regrets qui transparaissent dans son œuvre, comme le montre une facette peu connue d’une femme sensible qui fut presque maman : on ne compte plus les contes et les dessins d'enfants qu’elle publia ou qu’elle avait laissés sur le métier.
Mais Marguerite Brouhon est à la fois simple et autrement complexe. L’accès récent à un remarquable fonds d’archives inédites, de carnets manuscrits personnels, de correspondances privées, d’articles de presse, de photographies et d’objets déposés au Musée gaumais, a permis à des historiens de l‘art professionnels de cerner une autre personnalité que celle d'une peintre locale et de resituer son talent dans un cadre qui dépasse largement celui de notre étroit territoire.

La rétrospective qui se prépare au Musée gaumais sera bien plus qu’un rassemblement de peintures et constituera un véritable « musée imaginaire », une exposition « atmosphère » qui réunit, parmi quantité de souvenirs personnels de Marguerite Brouhon, le meilleur de ses tableaux, ses écrits, ses poèmes, ainsi que les échanges si nombreux qu’elle a entretenus avec ses amis et des célébrités.

Exposition ? Non, pas seulement. Bien d’autres témoignages oraux originaux ont été recueillis auprès de certains de ses proches contemporains et de ceux qui ont croisé sa route. Leurs paroles forment une ambiance sonore et intime. Après avoir procédé au dépouillement des archives et des témoignages, un comité de sélection pluraliste, composé d’auteurs spécialisés, d’amis et d’amateurs d’art, s’est efforcé de produire une monographie complète sur Marguerite Brouhon agrémentée d’extraits de ses œuvres et de nombreuses reproductions. Celle-ci sera présentée à partir du 15 octobre sous la forme d’un livre d’art en deux volumes. Cerise sur le gâteau : l’ouvrage est préfacé avec beaucoup de cœur par l’écrivain Guy Goffette.

Par ailleurs, certains lieux de Virton ont été marqués par la présence de Marguerite Brouhon : l’Hôtel de Ville, le Carmel, les bords du Ton… C’est pourquoi différents partenaires sont également associés au musée et déclineront Marguerite Brouhon en autant d’expos secondaires : ici, le restaurant « Au cœur de la Gaume » à Ethe se mettra au diapason de l’artiste ; là, la Ville de Virton propose une variation contemporaine ; un espace « Marguerite Brouhon » a déjà été inauguré sous l’église avec un panneau offert par le musée. La « Maison du Pain » (ancien Carmel) ouvre les portes de sa très belle chapelle et la « Biblio'Nef » mettra à l’honneur les écrits de Marguerite.

En fin d’année, le champagne Gavroy (Ethe)  proposera même un cru « Marguerite Brouhon ». Il y aura des parcours, des récitals de poèmes, des moments musicaux, des objets dérivés et bien d’autres choses pour rappeler que « La Follaucha », comme on l’a parfois désignée, mérite une place d’honneur dans la renommée de notre région dans le monde de l’art belge.