Anne Sophie Brassine expose au Monty du 13 mai au 1in.

Elle fait partie des « peintres gourmands », de ceux qui se resservent… de couleurs et de traits, de lignes en repentirs, de saveurs texturées et d’écritures inexpertes.

Sa production de dessins, souvent figuratifs, elle aussi est importante ; il semble qu’elle cherche dans cette pratique-là, où les yeux se fixent et interrogent, un début de compréhension à ce monde imposé qui pose tant de problèmes. Alors, ici, les corps s’arrangent avec la vérité, ils se réinventent, opèrent des mutations et se chargent de sens dont tous les réalismes et les surréalismes se trouvent démunis.

Ses oeuvres, questionnées parfois jusqu’à être presque malmenées, nous disent avec justesse le sens profond de son travail ; une recherche perpétuelle des possibilités toujours renouvelées de la peinture.

Dans les grandes compositions peintes, des lieux et des espaces s’installent alors avec fracas. Mais, ici, à l’occasion, un mot, un vocable, un verbe qui, à la manière de Twombly donnent à notre perception une résonnance toute intime et qui n’appartiendra qu’à nous.

S’il y a étonnement, et il y en a toujours, elle connaît le domaine puisqu’elle nous prévient en le disant elle-même en nommant ses œuvres : Voyage inattendu, Les pieds à terre ou La tête dans le ventre… Nous voilà prévenus : c’est cela La peinture, cela bouscule, cela nous prend dans le dos, au détour de la moindre inattention avec fourberie parfois car elle est vivante…comme nous. Non la peinture n’est pas qu’un langage ! Les images parfois nous prennent en défaut de mémoire, on s’y reconnait en n’y retrouvant rien de ce que l’on a connu.

Voilà une œuvre authentique et puissante qui n’a pas fini de naître et de renaître. Anne-Sophie Brassine a l’exigence des jusqu’auboutistes, elle mène la peinture sans rênes, sans mords et advienne que pourra.

Dominiq Fournal, artiste plasticien et ancien directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Wavre