Saynètes de la vie de tous les jours, du réalisme pour un monde meilleur, décent. De la production artistique globale existante, ordinairement de l’art pour l’art, l’on pourrait penser que l’on est dans un monde abouti voire idéal. Pourtant le surpeuplement, les contradictions, l’indifférence, l’obscurantisme, les aliénations et déséquilibres présagent du désastre. Selon l'opinion commode et largement répandue, les sciences et les technologies pallieront à terme aux problèmes rencontrés alors que ce sont elles ainsi que l'énergie et les matières premières consumées à outrance qui nous ont menés là. Chacun porte sa part de responsabilité dans les dysfonctionnements du monde. Chaque jour qui passe sur la terre est la somme exacte de ce que tous les particuliers ont fait, pas fait, laissé faire.
Je suis donc concerné par le fonctionnement de la cité et tiens à y exprimer un point de vue. L’art n’est pas nécessairement que décoration ! Il se doit aussi de témoigner de son temps. Après maintes formations, reconnaissances et expériences, je traite avec exigence tant sur les thèmes approchés que sur l’artistique, sous le nom générique « Saynètes de la vie de tous les jours », les questions qui sont maintenant rattrapées par l’actualité : représentation politique, écologie, question sociale, liberté, égalité, révolte, guerre… On peut dénombrer quantité d’écrivain(e)s approchant ces sujets, mais les gens lisent peu ou pas et un livre (re)fermé n'interpelle aucunement. L'objet est au contraire visible en permanence et rappelle de par sa présence.
Comment aborder ces représentations si ce n’est par le biais de l’humour, de la dérision voire du grotesque ? Un moyen d’exagérer, de caricaturer des situations réelles de vie est de prioriser le vrai habituellement invisible à l’oeil sur le décoratif. Le défi, tout en s’inscrivant dans la tradition, la modernité et l’intemporalité, est d’innover, de faire sortir de ce néant, de par ses contenus, ses sujets et ses lignes, des figures vivantes, puissantes et inédites de voies inexplorées. Chaque création nouvelle vient s’ajouter et complète la série. Mes travaux ne conduisent pas au découragement ni à l’engourdissement mais suscitent l’action, c’est en quoi ils sont optimistes.
Mon cheminement, soit plusieurs dizaines d’années de pratique souvent intense pour en arriver à exposer, est, complémentairement à l’esthétique, de tenter que le public s’identifie à mes travaux. J’essaie que mes pièces, dont chacune possède toujours et uniquement son titre en wallon (pour la défense du patrimoine régional, si les natifs ne le font pas, qui le fera !), soient dynamiques et de caractère. J’utilise des matériaux de qualité, traditionnels et durables qui peuvent conserver mémoire et intemporalité durant des siècles.
Jacques Servotte
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