Philippe Herbet-Albert Dada

 
Diplômé de L’ESA Saint-Luc, Liège en 1991, Philippe Herbet (1964) occupe la grande majorité de son temps entre la photographie, l’écriture, le dessin et les voyages, particulièrement vers l’Est et l’Orient.

Depuis de nombreuses années, La Châtaigneraie suit de près le travail de ce photographe liégeois. Au sein d’expositions collectives ou personnelles, nombreux de ses projets ont été exposés au Centre wallon d’art contemporain. Des Filles de Tourgueniev, à Joan Etorri, en passant par Rhizome oriental, les photographies de Philippe Herbet ont marqué La Châtaigneraie de leurs empreintes.

Depuis , cet infatigable voyageur s’est lancé dans un projet d’errance à travers l’Europe, sur les traces du personnage romantique d’Albert Dadas (1860 -1907), modeste employé du gaz à Bordeaux atteint de dromomanie, la maladie du voyageur compulsif.
Au fil de ses pérégrinations, Philippe Herbet nous a régulièrement tenu au courant de l’évolution de son travail et de la relation singulière qu’il entretien avec ce dandy du 19ème siècle.
Après un arrêt à Bruxelles chez « Contretype », ainsi que l’édition d’une publication, voici qu’aujourd’hui la dernière aventure de Philippe Herbet trouve un aboutissement dans l’exposition présentée aux cimaises de La Châtaigneraie.


Les quelques lignes suivantes évoquent assez clairement la relation très particulière que Philippe Herbet entretien avec Albert Dadas et les similitudes parfois troublantes qui existent entre les deux hommes.

« La France et l’Europe de la fin du Xixe siècle sont obsédées par la question du vagabondage, par les sans-papiers qui errent d’une ville à l’autre. La fugue devient un trouble médical avec un diagnostic précis. Albert Dadas est l’une des premières personnes atteintes d’automatisme ambulatoire, aussi nommée dromomanie. Son médecin, le docteur Philippe Tissier va poser le diagnostic de sa folie dans sa thèse intitulée « les aliénés voyageurs ».
Albert Dadas, un modeste employé du gaz à Bordeaux, va faire des fugues qui dureront de plusieurs jours à plusieurs années, en perdant à la fois ses papiers et son identité, mais jamais sa pulsion de partir, de marcher, de découvrir. Certains prétendront qu’il est un simulateur.
Je me suis attaché à ce personnage, nous avons des points communs, un traumatisme crânien, une mémoire défaillante, de grands maux de tête, nous pleurons vite, des poussées mélancoliques, le goût du voyage et des grands espaces, l’errance à tout prix, l’attirance pour le nord-est, le sens de la propreté vestimentaire, un rapport spécifique à Liège, le besoin irrésistible d’aller dans une ville dont le nom nous plaît, etc.
Aussi, j’ai éprouvé très vite la nécessité de réaliser un double projet lié à sa grande fugue de 1880/188lle le mènera de Valenciennes à Moscou en passant par Liège, Cologne, Kassel, Linz, Vienne, Prague, Berlin, Varsovie, Minsk. À Moscou, il est soupçonné d’être un anarchiste et est emprisonné avant d’être expulsé de Russie avec d’autres prisonniers. Il se déplace ensuite à Istanbul avant de voyager à Vienne, Munich, Strasbourg pour arriver en Suisse. Épuisé, il se rend à Bâle où il se constitue prisonnier auprès du consulat de France. À Lille, il sera condamné à trois ans de travaux publics pour désertion avec effets et armes. « Je suis parti parce que mes camarades me faisaient trop de misères », avait-il déclaré lors de son interrogatoire (combien de fois n’ai-je pas eu cette idée les dimanches soir lors de mes années au collège et, ensuite, lors de mon service militaire et encore plus tard lorsque j’ai eu un travail régulier pendant onze années). J’ajoute que j’aime l’idée de refaire le parcours d’un homme modeste.
Dans ce projet qui suit l’itinéraire de la grande fugue de 1880/188e m’identifie à Albert Dadas. Je suis son fantôme et il est le mien, je suis dans le cadre, à la fois son acteur et le mien. Grâce à des temps de pause longs, de 30 secondes à plusieurs minutes, je capte des moments où la durée s’inscrit sur les pixels du capteur. À travers des mises en scène, nous nous incarnons donc, lui et moi, dans un hors temps universel. Des autoportraits, mais pas au sens strict, ce n’est à la fois ni moi ni lui. Ce sont nos apparitions ou nos disparitions. »

Philippe Herbet


edition d’une publication :
Philippe Herbet, Albert Dadas, Edition du Caïd, Contretype et l’Image sans nom,

Plus d’infos sur Philippe Herbet :
Gratuit
Tous publics

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