Gilbert Pedinielli est-il un activiste ou un artiviste ? Plasticien depuis toujours, il fût un des fondateurs du collectif Calibre 33 à Nice dans les années 1970, au sein duquel il a milité pour un travail coopératif, pour la sortie de l’écosystème étouffant de l’Art Contemporain, mais aussi pour l’autonomie de l’artiste qui, en se regroupant, évite des intermédiaires qui trop souvent dévoient son discours. En somme, Calibre 33 était une préfiguration des artist-run spaces, ces lieux pour artistes inventés par les artistes. Ce pionnier n’a jamais rien lâché et reste convaincu qu’il faut faire coûte que coûte en restant libre.

Dans cette exposition intitulée Mes Panthéons, Gilbert Pedinielli donne à voir une période plus récente de son travail. Des toiles libres, non enduites, tracées au crayon et peintes à l’acrylique, qui évoquent un décor de théâtre léger et fragile, figurant la cité avec ses arcs de voûte, dans lequel l’artiste déploie ses panthéons. "Nice est un théâtre permanent" aime-t-il à répéter. Dans chaque toile, on perçoit l’évocation des relations tumultueuses entre l'artiste et sa ville natale, de ses rapports amour/haine entretenus depuis l’enfance sans renoncement ni fuite.

Punaisées au mur, comme si elles n’étaient ici qu’en attente, en alerte, éphémères, elles se meuvent au passage du visiteur et à son souffle. De Paolo Uccello à Paul Klee, de Otto Dix à Rosa Luxemburg, de Pablo Picasso à Jean-Luc Godard, Pedinielli rend hommage aux artistes et aux personnes qui, du dessin à la peinture, de l’écriture à la danse, de la sculpture à l’architecture, de la pensée à la conviction, ont éclairé sa recherche, son travail, son parcours. La permanence des préoccupations de l’artiste se lit dans cette période récente de son travail, référence au nombre d’or et à la suite de Fibonacci, rigueur et cohérence.