Une conférence de Mireille Tabah, Professeur émérite de l’ULB, illustrée par des textes de l’auteure en allemand et en français.
Lectures par Evelyne Haberfeld.

En marge de la deuxième vague féministe, Marlen Haushofer, écrivaine autrichienne longtemps méconnue, décrit avec lucidité, à partir de sa propre expérience, la non-existence des femmes dans la société phallocratique des années 1950 à 1970. L’auteure démontre comment le désir des femmes de devenir des sujets féminins autonomes est dès l’enfance réprimé par la Loi du Père, l’absence de modèle maternel valorisant, puis par les contraintes de la maternité et le rôle de genre qui leur est assigné. Le conditionnement psychosocial des femmes entraîne chez les héroïnes de Marlen Haushofer un comportement schizophrénique où la soumission au pouvoir masculin, voire la complicité avec celui-ci, et l’(auto)destruction cohabitent avec les rêves d’émancipation, notamment par le retour à la nature, et la recherche d’une identité féminine par l’écriture dans « une chambre à soi ». Et si, en fin de compte, l’échec de l’un et l’autre projet révèlent le pouvoir du patriarcat, ses récits expriment tout autant, et de façon exemplaire, le désir de la femme qui « n’existe pas » (Lacan) d’exister en tant qu’individu à part entière. (Mireille Tabah)

Cette conférence salue l’édition, dans la collection Babel d’Actes sud, de Dans la mansarde, texte depuis longtemps introuvable. Le Mur invisible reste disponible, également chez Actes sud, dans la collection Les Inépuisables.