Cette exposition s’est construite comme une tentative de dialogue à propos des motifs de déplacements humains et des mécanismes de développement des fantasmes liés à l’Ailleurs. Entre tourisme de masse et migration contemporaine, elle propose une réflexion autour des images connectées à ces déplacements. Celles qui les encouragent, celles qui en découlent.
Il y a cette idée vielle comme le monde qu’il existe un lieu dans lequel nous apaiserons nos vides, comblerons nos désirs. Que cet ailleurs n’est pas ici, mais là-bas, qu’il est à conquérir. Des images entretiennent ces fantasmes. Lumière, calme et volupté. Des images sublimées par l’économie mondiale, l’industrie publicitaire, mais aussi et surtout par notre propre capacité à publiciser nos vies.
Une machine à produire du fantasme. Une machine que nous huilons, que nous nourrissons à coup d’omissions, de filtres Clarendon et de cadrage avantageux. Lorsque le seul refuge face aux présent acide est un ailleurs fabuleux, nous mettrons la couche de vernis nécessaire pour corriger nos sourires sur les photos souvenir quitte à ce que la peinture craque silencieusement par dessous.
Il n’y a que peu de place pour l’échec dans la glorieuse conquête de l’eldorado merveilleux. Alors lorsque l’écart est trop grand, la déception inaudible, on colmate, on comble les failles du réel pour qu’il coïncide. Ainsi de l’expérience touristique ou à celle du primo-arrivant, économie du voyage, temporalité des déplacements, grosse fatigue, dictature de la joie, impératif du soulagement, sont autant de questions qui traversent l’exposition.
Vite allons combler nos vides, saoulons nous à coup d’eldorado en bouteille, dans notre chambre peinte aux couleurs soleil.
Céline Cuvelier (°1988)