J’ai travaillé durement de longues années, sans relâche. A chaque fois, je n’ai pas ménagé ma peine. Mais ce jour-là, j’ai quitté ma rivière d’un pas décidé. Le temps a dépiauté mes maigres habits. Les nuits ont peuplé mes rêves de voisins ricanants. Dans de minces carcasses, mes doigts ont plongé en quête de substances aux saveurs douteuses, qui firent chanter des mélodies chamarrées à mes tripes frileuses. Ces quelques heures d’errances ont creusé dans ma foi, les fondations de ma détermination. Le centre de la folie du monde devra bien m’accueillir, quand se mettront à sécher sur la cornée de mes yeux taris de mélancolies, les couleurs visibles de ma renommée promise.
Bercé de mélodies violettes, de rythmes pourpres luminescents et des chants désespérés du coton blanchi au soleil, je t’ai cherché partout. J’ai coloré le vent, la pluie et tes larmes pour en faire des rubis. Tes rires, sur le vinyle ont tracé des sillons pour l’éternité. La chair de la charogne n’a jamais vraiment quitté mon corps rabougri. Elle a continué de nourrir ma folie, ma joie, mes envies, mon moteur surexcité. Ma vie a battu des records de vitesse, m’a dépassé sur la ligne d’arrivée, et je suis devenu « nous ».
Baignons ensemble sous la « Molokaï Rain », que ne corps dédoublés résonnent dans un tourbillon de molécules sapées comme des princes.