Alain Huck l Darkness of Heart

 
Mlf l Marie-Laure Fleisch a le plaisir d’annoncer la première exposition personnelle d’Alain Huck en Belgique, Darkness of Heart. Les œuvres présentées illustrent les recherches que l’artiste effectue sur la place de l’homme dans le monde et les tendances souvent destructrices que nous avons sur notre environnement. Utilisant comme première inspiration un passage du roman « Au cœur des Ténèbres » écrit par Joseph Conrad en 1899, Huck s’interroge sur ce que nous savons de l’âme et sur la façon dont le langage et la communication peuvent fausser la connaissance de soi-même. Ainsi, Conrad écrit « son intelligence était parfaitement lucide […] mais son âme était folle ». Intrigué par cette bataille entre le bien et le mal, entre le cœur et l’esprit, Huck explore notre propre humanité, qui affiche souvent des tendances à la fois destructrices et poétiques. Ces recherches sont retranscrites dans une sélection de dessins, d’éditions et une œuvre vidéo.

Souvent inspiré par la littérature et la mythologie, Alain Huck invite le visiteur à découvrir une série récente de dessins. « La dizaine de paysages dessinés au crayon par l’artiste suisse résulte de la réécriture d’Au cœur des ténèbres, […]. À partir de prises de vue trouvées sur Google Earth, Alain Huck a retracé les méandres et les embrasures du fleuve Congo, qui figure au cœur du roman. Sur ce qui en constitue les berges, il a ensuite écrit le texte dans son entier, en partant de la fin. À l’image du héros, lucide et peu amène envers les colons de l’équipée qui remonte alors le delta, Alain Huck observe le récit avec recul. Il le reprend même à rebours, partant du dernier mot jusqu’au premier, allant du terme de l’aventure à son commencement. Sur la page, les mots se répandent là où l’eau ne coule pas et dessinent la partie émergée du paysage, tout en laissant apparaître les deltas du fleuve dans le blanc du papier. L’inscription du texte trace en creux des rhizomes, des lianes d’eau, un ruissellement sauvage. Ces rinceaux désordonnés laissent alors transparaître le profond désir de liberté de son auteur, rendent palpables la complexité de son être et son refus de se soumettre au pouvoir de l’envahisseur belge. On ne peut s’empêcher de penser aux frontières exagérément rectilignes des colonies africaines – on les dirait tracées à la règle –, auxquelles Alain Huck oppose ici la force d’une nature indomptable.» - Julie Enckell Juillard

Aux côtés de ces travaux se trouvent deux grandes œuvres, Exit Lingua et Culpa, sur lesquelles l’image apparait par des lignes épargnées sur un fond de graphite. Elles évoquent une tension entre le processus de pensée et la manifestation physique de l’activité mentale. Dans Culpa, la tête se déploie comme une grande bulle vide. Dans Exit Lingua, une langue, sorte d’excroissance surdimensionnée, est expulsée d’une tête vide. Les mots sont vus comme une partie saillante du corps. Le langage devient à la fois le prolongement de l’âme et un élément étranger au corps. Dans les deux œuvres, une paire d’yeux est visible, comme si un conscient extérieur observait avec attention.

A l’étage inférieur, une vidéo, Breath on Hemerocallis, est présentée et l’éthymologie du nom de la plante repris dans son titre évoque le passage du temps ou la beauté du jour. Une masse végétale d’aspect anthropomorphe tournoie doucement sur elle-même, se calme puis recommence en boucle continue. Eclairée par le passage du soleil au fond de l’atelier, son ombre est projetée sur une paroi telle une âme affolée. Dans la salle adjacente, le visiteur découvre trois éditions : Ancholia Ancholiae, Le Monde, et Fedor et Gustav. La première est une superposition de quatre dessins monumentaux réalisés par Huck pour son exposition de au Centre Culturel Suisse à Paris, tandis que la seconde est un jeu avec le journal Le Monde, dans laquelle le titre de la publication a été recadré pour révéler le mot « onde ». La troisième édition, Fedor et Gustav, est la rencontre de « Crime et Châtiments » avec « L’origine du monde » (suggérée ici par une vue des sources de la Loue, souvent représentées par Courbet). En 1866, Dostoïevski publiait son texte et Courbet exposait sa peinture controversée.

Alain Huck (1957, Vevey, Suisse) vit et travaille à Lausanne. Parmi ses expositions personnelles : Alain Huck. Foin, Kmd - Kunsthalle Marcel Duchamp ; The Forestay Museum of Art, Bourg-en-Lavaux, Suisse () ; Tragedy or Position, Musée des Beaux-Arts, Nancy, France (-) ; Ancholia, Centre Culturel Suisse, Paris, France () et L’Espèce de chose mélancolie (La chair nuit), Mamco - Musée d'Art Moderne et Contemporain, Genève, Suisse (). Parmi ses expositions de groupe : Atlas. Cartographie d’un don, Mcba Lausanne, Lausanne, Suisse () ; De Biënnale van de Schilderkunst 'Over Landschappen', Musee van Deinze en de Leiestreek, Deinze, Belgique () ; Papiers Xl, Centre Pompidou, Paris, France () ; Autres Accrochages, Mamco - Musée d'Art Moderne et Contemporain, Genève, Suisse () ; Art contemporain.ou bien ? Bcv Art Collection, Fondation de l’Hermitage, Lausanne, Suisse () et Le travail de rivière, Centre d’Art Contemporain d’Ivry - Credac, Ivry-sur-Seine, France ().
Mlf | Marie-Laure Fleisch
Rue Saint-Georges, 13
1050 Ixelles
Gratuit
Tous publics

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