Le Paquebot - David Achenberg

Cette partition pourrait être considéré comme un opéra de chambre. En réalité il s'agit plutôt d'une forme hybride que l'on a appelé Mélodrame Création.

À la fois minimaliste et pluridisciplinaire ce spectacle brosse un portrait intimiste de mon grand-père mort en déportation.

Malgré sa disparition, je l'imagine, et ce de façon onirique, de retour des camps et en route vers l'Amérique où il projetait d'émigrer... Un monologue (dans lesquel il exprime ses souvenirs, ses peurs, sa colère mais aussi, son enthousiasme et son exaltation face à cette nouvelle vie qui l'attend de l'autre côté de l'océan) s'enroule autour d'une partition pour violon seul qui, elle, exprime son véritable destin, sa descente aux enfers...

Alors que le jeu du violon évolue progressivement vers une "désincarnation" du matériau, le monologue, lui, tend vers un allègement, un éclaircissement progressif et jubilatoire du propos.
De courts mélismes chantés viennent tempérer ce croisement d'énergie. Minuscules respirations dans cet implacable pas de deux violon-narration, ils représenteraient la dimension immuable, intemporelle, peut-être même universelle de cette histoire.
Le traitement électronique du son et la vidéo viennent subtilement corroborer cet irrépressible chassé-croisé.