La Salope du village

Puissante, dérangeante et malheureusement intemporelle, sous ses allures de conférence décontractée, l’enquête de Pierrick De Luca et Zoé Kovacs livre une fine analyse dont on ressort le regard clair et les poings serrés.

Dans un village, sept personnes ont disparu. Où sont-elles ? Comment ont-elles pu être ainsi rayées de la carte ? Que leur est-il arrivé ? Une chose est sûre : leur existence dérangeait les villageois.

À l’origine du spectacle, il y a ce constat : pour beaucoup de gens, y compris parmi ceux qui se disent ouverts et tolérants, une femme qui assume sa sexualité, qui en porte les signes, c’est une « salope ». Mais qu’est-ce qui, en elle, offense à ce point ? De failles en zones d’ombre, Pierrick De Luca et Zoé Kovacs nous entraînent dans leur enquête.

Dans une théâtralité joyeuse et inventive, le duo convoque un village, ses habitants, mais aussi tout un chapelet de violences ordinaires. Et, peu à peu, ce village devient une collectivité qui résonne plus universellement chez chacun d’entre nous. Existerait-il donc en nous un besoin compulsif, si profond, si archaïque et intergénérationnel, qu’il faille à tout prix le soulager en crachant sur quelqu’un ?