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De Jehay, vous connaissez sans doute le château avec ses jardins, sa glacière, son beau potager emmuraillé... et aussi l’ancienne abbaye de la Paix-Dieu, magnifiquement restaurée et devenue Centre des métiers du patrimoine sous la direction de l'Agence wallonne du Patrimoine. Ce circuit vous conduit plutôt à la découverte de celui qu’on appelait « le petit peuple de Jehay », de son patrimoine mais aussi des sources et des ruisseaux, nombreux, qui ont forgé le paysage, tout comme l'ancienne voie du tram, dont nous retrouverons des traces. Cette promenade demande, comme d’habitude, un petit effort : ça grimpe !
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PHOTOS AERIENNES / IGN
OPEN STREET MAP
Nous empruntons le début de la rue petit Rivage. ATTENTION, il n’y a pas d’accotement le long de cette partie de la rue Petit Rivage.
Proche du porche du château, autour d'un plan d’eau qui prolonge les douves, se dresse l'ancienne chapelle castrale devenue église paroissiale, dédiée à Saint-Lambert.
Ce bel édifice, dont les parties les plus anciennes datent du 16e siècle, est entouré de son petit cimetière. A l’entrée de l’église, à gauche, on peut voir la statue de saint Gérard de Brogne qui se trouvait autrefois à l’intérieur du cloître de l’abbaye de la Paix-Dieu. Les pèlerins accédaient à une eau miraculeuse provenant vraisemblablement de la source Saint-Gérard.
Actuellement, le pèlerinage a toujours lieu le lundi de Pentecôte.
Deux importantes dalles funéraires du 16e siècle ont été retrouvées en 1995 sous le plancher de l’ancienne chapelle castrale lors de travaux préparatoires à la restauration intérieure de l’église.
L'eau de la fontaine Saint-Gérard provenait-elle de la source du même nom ?
Rien n'est moins sûr… Ce qui est sûr, c’est que le génial inventeur est un enfant du pays. Sixième enfant de Mathieu-Joseph Gramme, employé aux accises, il est né à Jehay-Bodegnée le 4 avril 1826.
Il est peu doué pour les études mais très créatif et d’une grande habileté manuelle.
En 1857, il épouse une Liégeoise, Hortense Nysten, et part s’installer à Paris.
Il se découvre une passion pour l’électricité et présente la première dynamo industrielle à l’Académie des Sciences de Paris en 1871. D’autres créations suivront.
Il connaît le succès et la gloire. En 1901, il est inhumé au Père Lachaise.
Ce monument en son honneur a été inauguré le 4 août 1907. Nous verrons plus loin la maison où il a vécu et un autre monument qui lui est également dédié.
En descendant, nous arrivons à la rue Ernou, coupée en deux par la rue Petit Rivage.
C'est ici, au lieu-dit le Bierwa, qu'avait lieu, sur une voie parallèle, le chargement ou le déchargement des wagons de marchandises (betteraves et charbon), transportées par le chemin de fer vicinal.
C'est en 1884 qu’est créée la Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux (S.N.C.V). Ce réseau de voies ferrées d’intérêt local avait pour but de mettre en communication les régions rurales avec le ‘grand’ chemin de fer et les agglomérations urbaines. En général, les lignes vicinales étaient construites avec un écartement de voie d’1 mètre, pour éviter au maximum l'encombrement de la voie publique, et à cause de son coût peu élevé, tandis que le 'grand' chemin de fer avait un écartement de 1,435 mètre. L’extension Ampsin-Verlaine est mise en service en 1923 et fonctionne jusque dans les années 30. Lors de la guerre 40-45, la voie est entièrement démontée par l’occupant.
Avant la montée, nous passons au-dessus du ruisseau del Venne un des nombreux ruisseaux qui ont favorisé l’implantation de l’abbaye de la Paix Dieu et du village.L’abbaye a détourné certains d’entre eux pour alimenter son moulin en énergie hydraulique et le village s’est construit sur les versants, évitant ainsi les prairies marécageuses qui occupaient le fond de la vallée. Le ruisseau a été canalisé en 1979.A gauche, une allée de peupliers en signale le tracé.
Avant d’arriver au sommet, nous bifurquons à gauche et empruntons un chemin enherbé, l’ancienne voie du tram.Nous arrivons au perré (muret en pierres) dont le garde-corps est typique des vicinaux.
Nous poursuivons tout droit en empruntant la rue El Motte qui suit toujours l’ancien tracé de la ligne vicinale 122 Ampsin-Verlaine.
Remarquez à gauche, sur ce versant exposé au sud, l’adret, Denis Bastin a planté en 2021 de la vigne, 70 arbres à petits fruits pour les oiseaux et une septantaine d’arbres fruitiers dont des nashis (arbre fruitier japonais qui produit des pommes-poires) et des amandiers. Les abeilles de ses trois ruches ont été installées à proximité.
La voie du tram passait sur un petit pont au-dessus de la rue Hacquenière. A cet endroit, nous avons un beau point de vue sur la vallée et le versant nord du village.
La rue Nihotte dévoile peu à peu un paysage ouvert sur les campagnes entourant la Paix-Dieu.En retrait par rapport à la rue, près du n°4, une petite chapelle est dédiée à Notre-Dame de Bon Secours.Elle a été érigée vers 1910 en remerciement pour la guérison d’un enfant souffrant d’un handicap aux jambes. Dans la chapelle, deux petites jambes découpées dans du métal sont accrochées au mur. Une messe, organisée par la paroisse de Jehay puis de Bodegnée, y était célébrée chaque année le 15 août.
Nous retrouvons la rue Petit Rivage et le ruisseau del Venne.Vers la gauche... Le ruisseau del Venne longeait la rue Petit Rivage. Il a été canalisé en 1979.
Nous prenons à droite la rue Zénobe Gramme. Comme la rue Ernou, cette rue est déjà représentée sur la carte de Ferraris. Les maisons traditionnelles y sont construites perpendiculairement à la rue pour bénéficier du soleil et se protéger des vents et des pluies de l’ouest. Certaines de ces habitations sont pourvues d’un appentis ou d’une étable. La plupart disposaient d’un puits. Les habitants se sont approvisionnés aussi à la source Saint-Gérard jusqu’à l’installation de la distribution d’eau, dans les années 50. Arlette Bona raconte que dans son enfance, dans les années 60, elle puisait encore l’eau de la source pour la lessive et le jardin, pour économiser l’eau de distribution.
Au n°20a se trouvait l’ancienne Coopérative socialiste.
Au cours de la seconde moitié du 19e siècle, les conditions d’existence des ouvriers et de leurs familles se détériorent. La solidarité s’installe et s’organise. On crée des sociétés de secours mutuels, des coopératives de production et de consommation et des Maisons du peuple, lieux de propagande idéologique.
A remarquer à l’entrée du n°19a la pile d’un autre pont plus imposant construit pour le passage du tram.
La maison où a habité Zénobe Gramme et sa famille se trouve au n°2.La légende de cette ancienne carte postale illustrée, de même que l'inscription sur la plaque du pignon identifient cette maison comme la maison natale de Z. Gramme, mais c'est une erreur. Sa maison natale se trouve au 28 rue Saule Gaillard.Pendant la guerre 40-45, la CAV, coopérative catholique « Centrale d’Achats et de Ventes », y était installée.
Nous tournons à gauche dans la rue du Tambour.La rue du Tambour reliait l'ancienne abbaye de la Paix-Dieu au château.Sur une ancienne carte, elle est appelée rue du Tambour. Son nom vient peut-être d'un arbre appelé gros chêne "Tiebiebour".On aurait retrouvé un tambour sous l’escalier du château. Peut-être était-ce celui qui appelait le peuple devant le château.
En février 2022, pour limiter l'érosion des terres agricoles et favoriser la biodiversité, une haie d'essences diversifiées, notamment mellifères et comestibles, a été plantée le long du sentier vicinal "rue El Commune". Ce dernier permet de relier de manière sécurisée la rue Saule Gaillard et la rue du Tambour où se trouve l'école.
Dans cette rue, on peut voir plusieurs petites maisons ouvrières (comme aux numéros 31, 30, 29, 27 et 13, 12). Les ouvriers qui travaillaient dans les usines environnantes étaient restés aussi un peu agriculteurs par nécessité.
Au n°28, en retrait et surélevée par rapport à la voirie, c’est l'école du village. En 1975, les 3 écoles de Jehay-Bodegnée fusionnent : l’école des soeurs pour filles et pour les maternelles, créée par la comtesse van den Steen rue Saule Gaillard, l’école communale des garçons déjà installée sur le site et l’école communale mixte de Bodegnée.
Un petit monument, signé G.Vandensteen, commémore le souvenir de Zénobe Gramme, tout comme la cloche de l’école que l’on a appelée Zénobie !
Au n°16, ce bâtiment imposant élevé en 1838 et précédé d’une cour pavée est l’ancien presbytère. A gauche se trouve une petite chapelle toujours utilisée occasionnellement.
Au n°14, il abrite l’ancien local de l’Union socialiste de Jehay, la Maison du Peuple.
Au n°6. La ferme de Paul Etienne. Cette ferme toujours en exploitation est intéressante : elle conserve un noyau du début du 18e siècle, reconnaissable grâce aux fenêtres à traverse de son rez-de-chaussée. L’ancienne grange a été transformée en habitation pour le fils de la maison et sa petite famille.
Au n°4. Le patrimoine monumental nous décrit cette habitation comme une « charmante habitation en double corps aménagée en 2 temps au 18e sur un noyau plus ancien »… Le mur qui la dissimule est percé d’un joli portail baroque dont la clé, surmontée d’une pomme de pin, est creusée d’une niche. Ici, la clé n’est pas celle qui pourrait ouvrir le portail mais la pierre qui soutient la voûte, la clé de voûte.
Voilà, vous êtes presque arrivés. A moins que vous ne décidiez de faire une petite halte au Café Le Tambour, ancienne salle des fêtes catholique.