PLAN IGN
Le 22 août 1914, Étalle, où le Ve Corps d'Armée allemande a établi son État-Major, à quelques kilomètres des champs de bataille de Rossignol, Saint-Vincent et Bellefontaine, voit refluer quelques soldats du Corps d'armée coloniale français qui ont pu échapper au désastre. Ceux-ci tentent un coup d'éclat, qui fait quelques victimes parmi les Allemands. Mais les troupes ennemies s'en prennent alors à la population : vingt-neuf maisons sont incendiées, la population terrorisée est recluse dans l'église, six Stabulois sont exécutés. Cinq autres villageois sont emmenés prisonniers à Arlon et passés par les armes.
La visite guidée à travers le village d’Étalle est jalonnée par des commentaires sur les traces mémorielles visibles dans le village : histoire du monument aux victimes, lieux marqués par les faits de guerre, maison « du comité » de 1915, sépultures remarquables au cimetière, architecture lorraine typique des reconstructions des années 1920.
Le parcours est accessible sur la totalité de l'itinéraire (2 km) aux Personnes à Mobilité Réduite : nous suivrons les trottoirs et la voirie communale, ainsi que les allées pavées de béton du cimetière.
Prière de vous adresser au guide au moment du départ pour plus de précisions.
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PHOTOS AERIENNES / IGN
OPEN STREET MAP
Monument en pierre de France scellé contre le mur de l'église. Les noms des victimes civiles et militaires sont cités sur les deux plaques encadrant la stèle.
Le bas-relief montre un lion sur ses gardes au pied d'un temple. Au-dessus du lion, deux anges veillent. De part et d'autre, des emblèmes militaires et funéraires, avec des motifs dans le style néo-gothique de l'église.
Des photos anciennes montrent le monument entouré de deux petits mortiers allemands (minenwerfer) de 250 mm. Il s'agit de prises de guerre accordées à la Commune d'Étalle, qui ont disparu et fait place depuis lors à des massifs fleuris.
L'abbé Pierret, 31 ans, faussement accusé d'avoir caché des armes, fut martyrisé et pendu au poteau télégraphique qui se trouvait à l'époque au carrefour central du village. Après la guerre, on dressa une grande croix devant le presbytère tout proche, en mémoire de son martyre.
Ce calvaire vient d'être restauré et placé sur le lieu historique de sa pendaison ; au pied de la croix, un panneau touristique rappelle les faits (circuit Interreg "Chemins de la Mémoire. Sur les traces de la bataille des Frontières").
Au cimetière d'Etalle, sa sépulture est ornée des représentations caractéristiques de son sacerdoce : le calice, l'encensoir, l'étole.
Dès le début de la bataille des frontières en aout 14, des villages ardennais et gaumais sont incendiés par les soldats allemands, laissant des familles entières dans le dénuement le plus total. (…). Il faut reloger au plus vite les sinistrés. Pour parer au plus pressé, des allocations sont accordées aux familles qui les logent. Rappelons qu’un Comité central de Secours et d’Alimentation voit le jour à Bruxelles en septembre 1914 pour venir en aide à la population très rapidement en manque de tout. Il est soutenu par des personnalités du monde de l’industrie et de la finance. Dès la fin de 1914, le comité national approvisionne les comptes des comités provinciaux pour la construction rapide d’abris provisoires. C’est pour cela qu’on les nomme maisons du comité. (Source : P. Ghislain, in Luxembourg Tourisme Hiver 2012-2013, Éd. FTLB, p. 23.)
Ce petit édifice construit en 1915 contre le pignon de l'ancien presbytère, a retrouvé aujourd'hui sa fonction de logement d'appoint.
Cette chapelle dédiée à saint Antoine porte le millésime 1675. Elle abrite de jolies (copies de) statues en bois polychrome. Elle fut témoin des violences du 22 et 23 août 14 : c'est dans un pré tout proche de la rivière que les Allemands eux-mêmes ont sommairement enterré sept victimes civiles, extérieures à Etalle, exécutées le dimanche sur ce lieu-même.
Monument aux soldats français des deux guerres : à l'entrée sud du cimetière, ce monument en forme d'obélisque aux arêtes galbées, porte sur la première face les noms des 19 soldats français tombés à Etalle en août 14 et sur la face visible de l'allée centrale, les noms de ceux tombés le 10 mai 1945.
Quelques sépultures de victimes civiles tout particulièrement méritent une observation attentive : l'imagerie, et les symboles utilisés par les tailleurs de pierre, le vocabulaire des inscriptions, l'addition des noms, la confrontation des âges des victimes…
Ces sépultures nous offrent une leçon de civisme et une page de l'histoire de la société stabuloise du début du XXe siècle.
À Étalle et Lenclos, vingt-neuf maisons ou dépendances ont été incendiées par les Allemands, exaspérés par la résistance des soldats français, et rendus fous furieux par la peur, l'alcool, le climat de violence, et la rumeur des "francs-tireurs" entretenue par leurs chefs.
Rue de Bellevue, Lenclos, rue de Gaumiémont et rue du Bois, quelques maisons reconstruites arborent toujours des caractéristiques stylistiques bien visibles qui témoignent de principes architecturaux typiques de la reconstruction des années 1920. L'histoire de la reconstruction fera l'objet de commentaires approfondis et documentés. Une "lecture" stylistique de quelques façades caractéristiques terminera notre circuit à Etalle.
Pierre Lemaire
Guide de terroir de la Lorraine gaumaise
Partenaire du projet "Séjours Mémoire et Sépultures" de la Fédération des Gîtes de Wallonie ASBL — avec l'aide du FEDeR