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En démarrant de l'entrée est du village de Mortinsart, le parcours rejoint l'église de Villers-sur-Semois en empruntant des chemins et sentiers que l'écrivain de Mortinsart, Jean Mergeai, a parcouru maintes fois pour se rendre à l'église ou à l'école. Il les évoque dans son livre "Du temps de ma maison". "En ce temps-là, la route sur laquelle nous nous hâtions de grand matin avait la couleur passée des vieux ossements. C'était une route amicale, vivante, capricieuse aussi. Ses cailloux étaient aussi libres que nous. Ils se laissaient pousser du pied."
Ce parcours fait partie du réseau "ADEO" créé par le groupe Mobilité Douce d'Etalle et visant à créer des liaisons "douces" entre les villages de la commune.
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PHOTOS AERIENNES / IGN
OPEN STREET MAP
Partez de l'entrée est de Mortinsart, au niveau des premières maisons et poursuivez sur la route principale vers le centre du village.
Chemin qui relie Mortinsart à Nantimont et Houdemont. Il part d'abord vers le nord-est, puis longe, vers le nord, la limite entre les communes d'Etalle et d'Habay, jusqu'à rejoindre l'actuelle route des écoles (qui devient la rue Lad Peumi à Nantimont). Ce chemin existe encore, sous forme de chemin de campagne, c'est le "chemin de Nantimont".
Jean Mergeai est né à Mortinsart en 1927 et est décédé à Saint-Mard en 2006. Sa maison n’existe plus actuellement, elle est remplacée par un hangar agricole au n°15 à Mortinsart. Homme du monde judiciaire, il s’est acquis une très large audience dans le public par ses œuvres littéraires. S’il écrit aussi en patois gaumais (comme "In mât’ d’école coumme i n’y a n’è pont", comédie en trois actes), il utilise surtout la langue française. Citons entre autres "Pierre Nothomb ou les paradis perdus", "Chemins de terre", "Les Vêpres buissonnières", "Christophe Théate, facteur ardennais" et, bien sûr, "Du temps de ma maison", où il évoque la fin de sa vétuste demeure qui est "morte dignement, stoïquement, comme si elle s'était rendu compte qu'elle était condamnée à l'abandon".
Continuez tout droit sans obliquer ni sur la route de gauche, ni sur la route de droite.
Située à l’angle de la rue principale de Mortinsart et de la rue du Plainois qui va vers le sud-ouest, cette ferme quadricellulaire date de 1820, avec un millésime à l’attaque du portail néo-classique. Le logis est à droite, probablement en double corps, de trois travées sur deux niveaux. L’arc de grange est surbaissé, les baies de combles sont à linteaux droits échancrés. Le pignon droit est orné de petites baies disposées en triangle. Au mur-pignon, chartil (?) sous appentis, arc surbaissé, archères. Grangette à l’arrière de la 2e moitié du XIXe siècle. Linteaux droits. Corniche moulurée en bois. Croupette à droite, deux appentis.
La route principale oblique sur la gauche, vers Villers-sur-Semois. Ne la poursuivez pas, mais continuez en ligne droite sur le "chemin de Rulles", asphalté sur une centaine de mètres avant de devenir un chemin de terre.
L’abreuvoir est constitué de deux bacs rectangulaires en pierre de taille. Il n’y a pas de pompe, il est alimenté par une source.
Tout droit, le chemin mène à Rulles, à droite, il mène à Houdemont. Mais prenez-le vers la gauche, en direction de Villers-sur-Semois, comme le faisait Jean Mergeai du temps de son enfance.
Route qui relie Mortinsart à Houdemont. C'est dans cette direction que l'on peut observer la présence d'une cuesta, qui est souvent oubliée par rapport aux cuestas sinémurienne, domérienne et bajocienne, parce qu’elle est moins étendue d’est en ouest. Il s’agit de la "petite cuesta rhétienne". Au nord de la cuesta sinémurienne, en remontant encore le temps, juste sur le socle primaire de l’Ardenne, une couche de grès s’est déposée durant l’étage rhétien (entre -208 et -201 millions d’années) sur une couche de marnes tendres qui a été creusée par la Rulles. Et donc, entre Rulles et Semois se trouve cette petite cuesta avec un front, visible par exemple à la sortie d’Houdemont vers Mortinsart (pente 3,5%), une crête au niveau de la route de Montauchamps qui passe au-dessus de l’antenne GSM au nord de Mortinsart et un revers descendant en pente douce jusqu’à la Semois. Mais cette cuesta n’est présente que sur quelques kilomètres d’est en ouest entre Ansart à Habay-la-Neuve.
Traversez la route Etalle-Rulles, qui porte le nom de "rue du 18e chasseur français", en commémoration d'un épisode de guerre en mai 1940 à Etalle. Ensuite, continuez sur le chemin de terre en face.
A l’angle de la rue principale de Mortinsart et de la rue qui mène à Houdemont, on retrouve un poteau indicateur en fonte de la même facture que celui de Villers-sur-Semois et qui indique 4 directions : Villers-sur-Semois, Etalle, Mortinsart et Houdemont.
Ne prenez pas le "chemin du Gibet" à droite, le long duquel tourne une éolienne, mais poursuivez tout droit le chemin de la Malpierre vers le petit bois en face.
Toujours à l’embranchement des routes menant vers Houdemont et vers Villers-sur-Semois, cette croix en fonte est entourée d’un jardinet clos par des grilles de fer forgé avec, en façade, la mention « O CRUX AVE » (signifiant « Salut ô croix ! ») soudée sur la grille. Elle est entourée de deux tilleuls de Hollande (Tilia x europaea) remarquables pour leur intérêt religieux, par leur proximité avec la croix de Mortinsart.
Quittez le chemin de terre et tournez vers la gauche, sur un petit sentier enserré entre deux pâtures, jusqu'au cimetière de Villers, puis descendez vers l'église.
Goffe est une variante du mot gouffre. Ce toponyme désigne en général un endroit où il existe un creux dans le cours d'eau. Il est probable que les chiens allaient s'y baigner (?). Il existe en tout cas un étang, dans une propriété privée, qui est à la source d’un bras du ruisseau de Mortinsart (le "Wirgo"), en le rejoignant 300 mètres plus au sud, au niveau de la route Villers-Mortinsart.
Préleré vient de prêle, plante des lieux humides, dont les spores sont produites par des épis terminaux de sporanges disposés en écailles. Elle est très fréquente dans les fanges et autres endroits humides de la région d'Etalle et a donné lieu à de nombreux toponymes.
Le toponyme "Chamvier" est une altération probable de chanvière, terre où se cultivait le chanvre. Autrefois, chaque ménage avait sa chanvière, coin de terre très grasse réservée pour la culture du chanvre. Cette culture était très importante et nos aïeules filaient encore le chanvre pour les besoins de la maisonnée. Ce sont les fibres de l'extérieur de la tige de la plante qui étaient utilisées. Non loin de cet endroit, existe également "le champ de chanvier". Une peinture de 1910 de Félicien Jacques, de Sainte-Marie-sur-Semois, illustre cette activité.
Point de repère dans le paysage, ce château d'eau, comme tous les ouvrages de ce type, est situé sur le point le plus élevé des alentours. Il culmine à 373 mètres d'altitude, soit une quarantaine de mètres plus haut que les rues de Villers que l'on rejoint en descendant un chemin de terre en admirant le paysage champêtre et les maisons entre Houdemont et Rulles.
Les mardelles sont une particularité géologique que l'on peut observer en Gaume. Il s'agit de cuvettes plus ou moins profondes, souvent isolées au milieu des champs, des prés ou des bois de zones marécageuses que l’on rencontre sur les sols marneux de la Lorraine. Dans la commune d’Etalle, c’est surtout dans le nord que l’on peut les observer. Formées de façon naturelle par la dissolution du carbonate contenu dans les marnes, elles se sont remplies d'eau de pluie progressivement. Les mardelles sont alimentées uniquement par les eaux de pluie et par le ruissellement d'un bassin versant. Outre leur intérêt paysager, ces biotopes humides servent de refuge à une flore et une faune remarquablement riches. La mardelle du Gibet à Villers-sur-Semois est située sur la crête, à la limite entre Villers (commune d’Etalle) et Rulles (commune d’Habay), dans une pâture.
Dans plusieurs villages de la région s’élevaient des gibets où avaient lieu les exécutions des criminels condamnés à mort du temps du régime seigneurial et jusqu’à la révolution française. Placés sur une hauteur, un peu en dehors du village, mais bien en vue du principal chemin public, les gibets signalaient aux habitants le siège d’une haute justice. Les corps des condamnés étaient laissés pour être exposés à la vue des passants et dévorés par les corbeaux. Le gibet était avant tout une démonstration visible du droit de justice du Seigneur, mais il ne servait probablement pas beaucoup. Les emplacements des gibets peuvent être localisés grâce aux toponymes des lieux-dits "au gibet" ainsi que par un dessin représentatif d’une potence sur la carte de Ferraris.Celui de Villers-sur-Semois est situé au lieu-dit "Le Gibet", au point culminant du village, sur la crête entre Villers et Rulles, dans la zone actuellement occupée par des pâtures.
Dans cette zone, plusieurs toponymes évoquent l'activité industrielle du passé. Ainsi, "A Houye Moré" ou "Hoge Moré", où "Houge" est peut-être dérivé de "Hoge", au sens de "hauteur" et "Moré", peut être traduit par charbonniers, ouvriers noirs de leur travail, ressemblant à des "maures". Les ouvriers fabriquant du charbon de bois étaient en effet fort nombreux à l'ère de l'industrie florissante de la sidérurgie du XVIe au XIXe siècle. "La Malpierre" rappelle qu'à cet endroit se trouvait une carrière de pierre. Cette pierre n'était pas aussi bonne que la pierre bajocienne, comme celle de Grandcourt. "Malpierre" signifie donc "mauvaise pierre". Néanmoins, il semblerait que cette carrière ait alimenté en pierres la plupart des constructions de Villers-sur-Semois, y compris les lavoirs et peut-être l’église. Aujourd’hui, il ne reste aucune trace de cette ancienne carrière. Enfin "Les Champs de Fer" rappelle éventuellement une situation ancienne comme lieu d'extraction du minerai de fer pour les diverses forges locales.
Le sentier qui descend vers Villers, et qui a donné son nom au lieu-dit, est décrit par Jean Mergeai, dans son livre "Chemins de Terre". "Ce sentier était un raccourci qui reliait notre hameau à l'église du chef-lieu de la paroisse. Comme nous y avons flâné, gambadé, couru, le long de cette vouyette qui nous voyait, au plus opulent de l'été ou dans la fraîcheur de septembre, trottiner, dès sept heures du matin ! Avant de frôler la gravité du cimetière, la vouyette était, l'espace de quelques deux cents mètres, enserrée entre deux haies métalliques. Il me souvient qu'à l'arrière-saison, nos visages recevaient la caresse des fils de la Vierge qui, fragiles, reliaient les deux haies."
Comme dans beaucoup de localités, le cimetière de Villers-sur-Semois entourait l'église. L'exiguïté de l'endroit a nécessité son déménagement au bout de la rue Saint-Martin. Mais il abrite encore quelques vieilles tombes, datant de la moitié du XIXe siècle. Placée au fond du cimetière, dans l’allée centrale, en face de l’entrée principale, une croix métallique de quelque quatre mètres de hauteur est peinte en noir avec en couleur argent l’inscription INRI. Sur la croix, le Christ et une tête de mort et tibias croisés à ses pieds. Au milieu du mur de droite, un monument en pierre de taille, entouré de cyprès porte les noms et les matricules de 6 soldats français morts en août 1914. Il fait l’objet, en septembre de chaque année, d’une visite des troupes de la marine françaises, première étape d’une tournée du souvenir à travers les villages du Sud de la Belgique qui furent au cœur de la tourmente d’août 1914.
Une plaque commémorative en hommage à Jean Mergeai a été déposée sur le mur du cimetière, où il repose depuis l'automne 2006. On y évoque notamment "la vouyette", ce petit sentier entre deux clôtures qui aboutit au cimetière et que Jean Mergeai a si joliment décrit dans "Les Chemins de Terre".
Ce presbytère, situé derrière l’église de Villers, date de 1768, avec un millésime à la porte du logis et à la souche de la cheminée. Il a été augmenté d’un étage en 1843. La façade est tricellulaire, avec le logis à droite de quatre travées inégales sur deux niveaux. Linteaux bombés du XVIIIe siècle sur sommiers anguleux, traverse d’imposte pour les portes du logis. Linteaux droits du XIXe siècle pour l’étable et les fenêtres d’étage ; arc de grange en plein cintre avec impostes cubiques et clé trapézoïdale. A l’exception de la porte de grange, même caractéristiques à l’arrière. Au mur-pignon droit, élévation du XVIIIe siècle, en deux travées de deux fenêtres, de hauteur décroissante à linteau bombé. Mur-pignon gauche transformé. Corniche calcaire en doucine et croupettes en toiture. Sur la gauche, la ferme au n°25, de la seconde moitié du XIXe siècle, accompagne stylistiquement le presbytère.
Il s’agit d’une très belle ferme quadricellulaire. Le corps de logis date du XVIIIe siècle et la partie agricole de la première moitié du XIXe siècle. Le logis est à gauche, de deux travées sur deux niveaux avec porte légèrement décentrée et une fenêtre obturée. Entrée de cave à gauche sous arc en plein cintre, autrefois masquée par un petit volume. Baies de combles à linteau bombé de bois. Corniche en bois en doucine sur cavet. Croupettes. Taque de cheminée au millésime 1735, conservée. Linteaux bombés sur l’ensemble. La partie agricole est plus basse et débordante tant sur l’usoir qu’à l’arrière. Grange médiane avec arc en anse de panier.
Au pied de l'église de Villers, cette fontaine-lavoir a été construite à l'emplacement de l'ancienne maison vicariale qui servit ensuite très longtemps d'école au village (de 3 m x 6m !) jusqu'en 1872. La transformation en lavoir date d'environ 1873. La construction est rectangulaire et largement ouverte sur une des largeurs. Cette grande ouverture béante offre un accès facile au lavoir et assure l'éclairage et l'aération. Il existe cependant des ouvertures supplémentaires dans les murs du lavoir. Le toit qui coiffe la construction est un toit d'ardoises à quatre pans.
C'est l’une des plus vieilles églises de la province de Luxembourg. Elle a pour patron Saint-Martin de Tours, mort en 397 et réputé comme le créateur des paroisses rurales. Le bâtiment actuel a été construit au XVIe siècle, probablement à l'endroit d'une ancienne chapelle, sur un tertre, au centre du village, ceinturé d'un mur en pierre du pays, avec un lavoir en contrebas. L'ensemble a été classé en 1938. La tour carrée, massive, surmontée d'un clocher bulbeux, est appliquée en saillie contre la façade et porte la date de 1712. C'est par cette tour que l'on pénètre dans l'église, construction irrégulière où plusieurs siècles ont laissé leur empreinte. A l'intérieur, toutes les lignes architecturales, notamment la courbe de la grande nef, annoncent le style roman. Elle a subi d'importantes réparations, notamment à cause d'incendies. Fin du XVIe siècle, elle comptait peut-être trois nefs, dont il ne subsiste que le chœur et deux travées de la nef centrale. Elle recèle, sous l’autel chrétien, la pierre d'autel romain païen "Ara Romana" sur les faces de laquelle, on observe les divinités Apollon, Hercule, Minerve et Diane. Son emplacement avait été choisi pour bâtir le premier oratoire chrétien, probablement déjà au VIe siècle.