PLAN IGN
Les amateurs de géologie seront ravis par cette randonnée assez longue... mais ils ne seront pas les seuls. Et pour cause, les paysages sont grandioses et contrastés, la nature y côtoie intimement les réalisations de l'homme: chemin de fer, Collège, Villas Mosanes, pont-barrage, Cliniques Universitaires... On est ici aux frontières du vrai Condroz et de l'Ardenne Condruzienne. Une véritable découverte à quelques kilomètres seulement de Namur.
Ce tracé correspond à la promenade n°9 balisée par le Syndicat d'Initiative d'Yvoir (balise: rectangle jaune n°3). La carte IGN qui en reprend le tracé est notamment en vente au service Tourisme de la Commune (plus d'information:tourisme.yvoir.be/ )
PLAN IGN
PHOTOS AERIENNES / IGN
OPEN STREET MAP
Admirablement située le long de la Meuse, Godinne fut toujours un établissement humain important le long du fleuve. Dépendance de la seigneurie de Spontin, Godinne devint une seigneurie foncière à la fin des années 1400. En 1602, les archiducs Albert et Isabelle y fondèrent une seigneurie hautaine. A partir de 1721, les seigneurs d’Hestroy et d’Ivoy en deviennent les propriétaires. La Vieille Ferme peut être considérée comme le siège de la Seigneurie Foncière de Godinne. L’existence d’une exploitation à cet endroit est prouvée dès 1512. Les bâtiments actuels remontent pour la plupart au 17ème siècle. Au dessus du porche d’entrée, beau blason de la famille de Maillen, titulaire de la seigneurie foncière au 17ème siècle. Face au portail, le corps de logis, construit dans le dernier tiers du 17ème, est remarquable d’harmonie. Symétrie, appareillage, choix des matériaux, tout concourt à créer un bâtiment imposant et cohérent. On remarquera encore les hautes toitures d’ardoises, à coyaux et à larges croupes. L’articulation des toitures et des façades est soulignée par de très belles frises en briques. A la gauche du corps de logis, très belle grange en moellons de grès. L’ensemble a été superbement restauré et héberge aujourd’hui la bibliothèque communale, le Musée d’Archéologie de Godinne ainsi qu’un bel espace polyvalent dans la grange.
Quitter la cour de la Vieille Ferme et suivre vers l'Est la rue du Prieuré. En contrebas de la route régionale, face à la Gare, emprunter le tunnel piétons permettant de franchir la route et les voies de chemin de fer.
La gare de Godinne est un monument classé du patrimoine wallon. Elle fut construite vers 1862 au moment de l'établissement de la ligne Namur-Givet. Cette ligne fut concédée par l'Etat Belge à une société française privée: la Compagnie du Nord Belge. Cette exploitation en concession privée dura jusqu’en 1940. Les gares construites par cette compagnie (qui exploitait aussi la ligne Liège-Namur) répondaient toutes aux mêmes critères architecturaux. La gare de Godinne est l'une des dernières survivantes de cette période héroïque des chemins de fer en Belgique. Son avenir est aujourd'hui bien incertain: les impératifs de rentabilité de la SNCB ne sont pas toujours solubles dans les considérations historiques et patrimoniales...
Face à la sortie du tunnel, traverser la rue et s'engager dans la rue des Grands Saules qui monte jusqu'au Collège Saint-Paul
Il est difficile d’échapper à la vue de la masse imposante de béton du Collège Saint Paul. La construction de ce collège fut décidée vers 1924. Elle devait permettre l’extension du Collège Notre-dame de la paix à Erpent, victime de son succès. C’est un jésuite, le Père Joseph Mols, et l’architecte Lange qui conçurent les plans de ce vaste ensemble, répondant à des objectifs fonctionnels et pédagogiques précis. Une technique particulière de construction en béton armé, le système breveté Stevens, encore appelée la technique du monolithe creux, permit de terminer le chantier en un temps remarquablement court. Les bâtiments scolaires sont inspirés du modernisme et de l’art déco alors que la chapelle est d’inspiration néo-gothique.
Tourner à gauche sur la rue Saint-Roch jusqu'à la chapelle.
Coeur spirituel du quartier éponyme, cette belle chapelle en moellons de calcaire a été transformée à de nombreuses reprises au fil des siècles. On trouve une première trace de cette chapelle dès 1669: c'est le 16 septembre de cette année que l'évêque de Namur donne l'autorisation de l'ériger. Si l'encadrement de la porte et la porte elle-même furent réalisés à la fin du 19ème siècle, on retrouve dans les murs latéraux les traces de la chapelle primitive. Sa décoration intérieure date de 1988 et est due au père Defoux, ancien enseignant du Collège Saint-Paul voisin. On y trouve ainsi un St-Roch et son chien ainsi que des céramiques représentant des scènes traditionnelles de la vie de ce saint très populaire dans nos contrées. La chapelle fut récemment restaurée grâce à un effort conjugué des associations de Godinne, de la communauté du Collège et de l'Administration Communale.
Tourner à droite sur le chemin du Stoquisse qui longe le bois. Poursuivre toujours tout droit dans les bois en direction de Tricointe. Sur votre droite, après le croisement avec la canalisation enterrée de Vivaqua, on devine la silhouette du Château de Tricointe (propriété privée).
On découvre enfin le plateau karstique de Tricointe.
Le plateau karstique de Tricointe est . Le plateau et la forêt domaniale qui l'entoure est en grande partie un site classé. Au coeur du vieux verger qui fait face à la ferme, on devine encore un grand chassoir, typique de ce type de sous-sol. A droite, la belle ferme de Tricointe, en carré, est transformée en chais par la société viticole "Bon Baron" (propriété privée).
Tourner à gauche et entrer dans la forêt domaniale de Tricointe. Quitter rapidement le chemin forestier empierré principal pour tourner à gauche et monter vers le Chêne à l'Image que l'on atteint après avoir traversé une zone de prairies enclavées dans la forêt. Belles vues vers les hauteurs d'Evrehailles à partir de ces prairies.
Au coeur de la forêt de Tricointe, à un important carrefour de chemins forestiers, le Chêne à l'Image rappelle aux promeneurs la très ancienne tradition des cultes populaires liés aux arbres. Ce chêne sessile est reconnu depuis 1999 comme "arbre remarquable de Wallonie". Au relevé de 1997, sa circonférence dépassait déjà les 3 mètres et sa hauteur était de 14 mètres.
Le sous-sol de la plus grande partie de la forêt de Tricointe est constitué de grès rouge burnotien (du nom du petit hameau de Burnot sur la rive gauche de la Meuse).
Suivre soigneusement le balisage de la promenade (rectangle jaune n°3) pour choisir le chemin quittant le site du Chêne à l'Image. Après avoir longé sur sa droite une grande prairie, tourner à gauche sur un chemin forestier en assez mauvais état. Ce chemin conduit à l'entrée sud du village de Mont, souvent appelé Mont-sur-Meuse.
A la sortie du bois, on aboutit sur la bien nommée rue Sous le Bois.
Belle vue sur le plateau karstique de Mont, sur le village, et sur la crête qui surplombe le village vers le Nord. Durant la première moitié du 19ème siècle, Mont n'était pas un village autonome mais un simple hameau de Godinne. Il ne disposait pas non plus alors de sa propre paroisse. Le village est aujourd'hui bien connu, y compris au-delà de nos frontières nationales. On y vient pour ses grottes accessibles aux spéléologues avertis et pour son Centre Hospitalier Universitaire, l'un des plus gros employeurs privés de la région Wallonne.
Suivre la rue Sous le Bois (qui n'est ici qu'un simple chemin de terre) vers la droite. Le chemin devient rapidement rue macadamisée au coeur d'un quartier bâti. Rejoindre la rue du Centre que l'on suit en direction de Ronchinne et de Crupet (vers la droite).
A la sortie du village, après la dernière maison sur la gauche, tourner sur un chemin traversant quelques prairies en direction du Nord.
Passer à quelques pas du Trou Bernard. D'apparence bien modeste pour le promeneur, c'est pourtant la cavité naturelle la plus profonde de Belgique. Les spéléologues descendent ici jusqu'à plus de 120 mètres sous terre. La profondeur totale, en ce compris la partie inondée, est estimée à 140 mètres.
Gagner la rue du Fraichaux que l'on traverse prudemment et emprunter un chemin empierré en montée qui permet de rejoindre la crête Nord surplombant le village de Mont.
Longer le bois d'Hestroy, sur la droite. Sur la gauche, superbes vues sur le plateau dépression de Mont-sur-Meuse.
Après avoir dépassé le chemin d'accès à la propriété d'Hestroy, sur la droite, on découvre le très beau calvaire de Lairbois, caché par les arbres. Selon Jacques Brilot, ce calvaire, situé juste à la limite des communes de Yvoir et de Assesse, daterait de la guerre de 1870. La croix aurait été remplacée en 1933. On y venait en procession depuis Mont lors de la fête du Christ-Roi.
Poursuivre le chemin en bordure du bois pour aboutir à un petit carrefour forestier. Il faut ici continuer tout droit vers les prairies que l'on aperçoit et que l"on va longer. Avant cela, jeter un petit coup d'oeil au Hêtre Creux qui domine un sentier redescendant directement au coeur du village de Mont et qu'il ne faut pas emprunter. A côté du Hêtre, une petite crois de bois récente rappelle l'existence à cet endroit d'un autre calvaire ancien dont la trace apparaît déjà sur les cartes de Ferraris.
Poursuivre donc le chemin forestier vers l'Ouest. Le chemin descend en longeant le bois (sur la gauche) et les prairies (sur la droite). Très belle vue sur le village de Lustin (vers le Nord) et vers les cliniques de Mont-Godinne (vers le Sud) ainsi que vers la vallée de la Meuse qui se devine. On retrouve la route régionale que l'on suit très prudemment vers la droite en direction des cliniques.
Emprunter vers la gauche la route d'accès privée au CHU. Continuer tout droit, en essayant de suivre le balisage jaune ou, à défaut, en suivant le panneau "Urgences".
Le Centre Hospitalier Universitaire de Mont-Godinne est aujourd’hui l’une des grandes institutions hospitalières de la Province de Namur. Avec plus de 400 lits d’hospitalisation et 1700 collaborateurs, c’est aussi le premier employeur de la commune d’Yvoir. Le Centre hospitalier, plus particulièrement spécialisé en cardiologie, pneumologie et hématologie, est le fruit de la collaboration entre l’Université Catholique de Louvain et les Mutualités Chrétiennes. La clinique s’est installée, en 1967, dans les bâtiments d’un sanatorium construit ici dès 1903. On y soignait les tuberculeux, dans un environnement ensoleillé, paisible et loin des miasmes de la ville...
Dans un tournant très large, avant d'accéder aux urgences, tourner à droite dans le bois. Un beau chemin piéton conduit à la Corniche, la route pittoresque qui joint Godinne à Lustin-bas. Traverser la route, descendre un court sentier, suivre le balisage en passant sous le pont du chemin de fer et ensuite en tournant vers la gauche pour rejoindre le chemin de halage le long de la Meuse.
Le pont-barrage-écluse de Frappe-Cul est installé à la limite des communes de Profondeville et d’Yvoir. Avant 1870, la Meuse était encore une rivière à la navigabilité très incertaine. Les bateliers remontaient le fleuve en utilisant des chevaux et le chemin de halage que nous empruntons aujourd’hui. La descente du fleuve pouvait se faire à la voile. Ce n'est qu'à la fin du 19e siècle que la Meuse est "domptée" mais ses crues restent aujourd'hui encore redoutables. Les ponts-barrages offrent aujourd’hui aux promeneurs de belles opportunités de communication sécurisée entre les deux rives du fleuve.
Suivre le beau chemin de halage rustique vers le Sud, en direction de Godinne, dont les belles villas mosanes se découvrent peu à peu dans le lointain.
La première villa mosane rencontrée sur la gauche est appelée "Les Hêtres Pourpres".
Après avoir longé un ensemble de belles constructions mosanes le long du fleuve, le chemin de halage court entre les jardins de quelques belles demeures (dont la Maison espagnole que l'on peut deviner dans son parc). A hauteur de l'église, tourner à gauche et monter un petit escalier qui conduit sur la petite place sur laquelle se dresse l'église et le Château de Godinne, souvent appelé "le Prieuré".
La construction de l’église Saint Pierre remonterait à la période romane. Il reste peu de traces visibles de cette construction primitive. Une partie importante de l’église fut détruite par une violente tempête en 1606. La toiture et la partie supérieure des murs furent alors reconstruites. D’autres travaux eurent encore lieu au 18ème siècle. Le choeur remonte quant à lui au 16ème siècle.
Le Château, attenant à l'église, fut construit à la fin des années 1500. Ses différents propriétaires, sous l’Ancien Régime, occupaient tous la fonction de décimateur de la paroisse de Godinne. C’est probablement l’origine de son appellation de «Prieuré de Godinne». En réalité, ce bâtiment n’a jamais rempli aucune fonction monastique.
Il ne reste plus qu'à traverser la rue du Prieuré et retrouver le point de départ de la promenade.