PLAN IGN
À mi-chemin entre les villages martyrs d’Ethe, Tintigny, Rossignol et Houdemont, Étalle et les sept localités qui s’y rattachent ont gardé de nombreuses traces encore visibles du passage de la furie teutonne d’aout 1914.
Par monts et vallées, entre la Rulles et la Semois, sur des chemins champêtres et forestiers autant que possible, au carrefour des voies romaines, sur le flanc des églises et des écoles, piétons endurants et cyclistes sur tous chemins retrouveront aisément ces marques tragiques dans des paysages redevenus sereins. Pour que chacun se souvienne !
Le circuit est conçu pour relier les villages de la commune d’Étalle à l’exception du hameau de Villers-Tortru. Aucun balisage n’a été mis en place, l’utilisateur peut moduler son propre parcours et utiliser des raccourcis.
PLAN IGN
PHOTOS AERIENNES / IGN
OPEN STREET MAP
Départ du parking du complexe sportif d'Etalle, vers l'église.
Église d'Étalle
Rendus furieux des pertes importantes essuyées le 22 aout à Rossignol, et obnubilés par la rumeur de francs-tireurs cachés parmi les civils, les Allemands sont surpris par l’attaque presque réussie d’une poignée de soldats français en repli, contre le siège de leur état-major dans le village. Leur vengeance est terrible : 29 maisons et dépendances sont incendiées à Étalle et Lenclos. Jusqu’au 29 aout 1914, la population du village est parquée dans l’église sous la menace ennemie, pendant le pillage généralisé et l’incendie de 29 maisons. Six Stabulois sont assassinés dans les rues, et cinq autres emmenés en otages à Arlon, puis exécutés.
Le monument aux morts, de style néogothique comme l’église à laquelle il est adossé, rappelle les noms des victimes, soldats morts au front et civils victimes des Allemands L’ouvrage comporte des symboles patriotiques et religieux.
La place de l’église constitue également une étape solennelle du cortège funèbre ramenant d’Arlon, le 18 juillet 1920, les corps des 120 civils fusillés de Rossignol.
Quelques maisons du bas de la rue de Bellevue ainsi qu’une maison de Lenclos, incendiées par les Allemands, portent les traits stylistiques de la reconstruction des années 1920 : observer les montants caractéristiques des portes et des fenêtres en « créneaux », alternant des pierres rectangulaires et carrées.
Ce style architectural typique de la reconstruction s’observe également à Rossignol, Ethe, Musson…
À l’angle sud-est du croisement de la voie romaine et de la route en béton menant de Vance à Habay se cache un crucifix derrière une haie d'épines : il marque le lieu de l’exécution de Joseph Monneau, 22 ans, fusillé sous le seul prétexte qu’il faisait des signaux à l'ennemi avec le drapeau belge, qu’un officier allemand lui avait ordonné de descendre du clocher de l’église.
À la sortie des marais de Haute Semois, Vance est le passage obligé des patrouilles de cavalerie française et allemande dès les premiers jours de la guerre, en mission de reconnaissance dans la vallée sur l’axe Arlon-Florenville. Plusieurs escarmouches et accrochages sanglants ont lieu dès le 7 aout, et le village, accusé de tirer sur les Allemands, manque de peu d’être incendié. Dès le 14 aout de nouveau, la population est prise à partie, les maisons sont occupées par les troupes allemandes et leurs blessés. Le jeune Monneau est exécuté, des otages durement malmenés.
Sur l’aire de repos à la sortie du village vers Chantemelle, un panneau d’information du circuit touristique « Chemin de la Mémoire : sur les traces de la bataille des Frontières d’aout 1914 » offre des informations supplémentaires concernant les évènements historiques survenus à Vance en aout 1914.
contre l’armée française dans les vallées du Ton et de la Vire. Au lendemain de la bataille affluent les nombreux blessés. On raconte que le fils de l’empereur Guillaume II, Oscar de Prusse, a séjourné dans une belle demeure du village, au n° 38 actuel.
Le monument à l’angle de la place de l’Étang et de la rue du Sart-Macré, à proximité de l’école, est assez singulier : le socle comportait à l’origine (1921) une scène sculptée figurant l’aigle germanique mis à mal par le lion belge. Lors de la 2e guerre mondiale, un soldat allemand mutile le bas-relief, que les habitants de Chantemelle ont préféré laisser tel quel depuis lors. L’observateur attentif devinera aisément le détail des griffes, des serres et des ailes qui ont échappé à la destruction.
Parce qu’il aurait menti aux Allemands à propos de la présence de cavaliers français dans les environs, Antoine Badoux, 64 ans, garde-barrière à Croix-Rouge (Huombois), est emmené et fusillé devant l’église de Buzenol, le 21 aout. Sa maison est incendiée avec quelques autres dans le hameau de Huombois.
La plaque apposée au mur extérieur de l’église de Buzenol ne mentionne pas son nom, mais rappelle – en ce qui concerne 14-18 – la mort du sous-officier Maurice Piot au bord du Lac Victoria dans la guerre qui a opposé la Belgique contre l’Allemagne jusqu’au plus profond des colonies africaines.
Il faut aller jusqu’au passage à niveau de Croix-Rouge (route de Virton) pour découvrir le nom de Badoux sur la stèle aux victimes des deux guerres à Huombois.
À l’arrière des fronts de la Marne et de la Meuse (Verdun 1916), notre région a vécu sous le statut de zone d’étape pendant la Grande Guerre : réquisitions sévères, occupation par les troupes, enrôlement forcé et déportation des travailleurs ont saigné à blanc les ressources et les forces vives de la population civile.
La forêt gaumaise a été systématiquement pillée pour les besoins du front : l’occupant a construit ici un vaste complexe de scierie, dont d’importants vestiges en béton subsistent çà et là dans les bois aux alentours de la scierie Scidus. On peut encore en observer les fosses et les fondations dans une petite clairière sur le bord droit du RAVel, peu avant le premier virage en direction d’Ethe. Fossés profonds et cavités présentent des dangers de chute. Pénétrer dans les bois en dehors des chemins balisés est interdit. Continuer à suivre la piste RAVel pour gagner la sortie de la forêt et longer la N87 vers la droite (Étalle).
À l'horizon, le front de la cuesta bajocienne marque la frontière franco-belge. En-deçà, les forêts et les vallées profondes de la Vire et du Ton ont été le lieu d'affrontements entre les armées française et allemande, dès l'aube du samedi 22 aout 1914.
À deux coups de pédale du passage à niveau, un modeste monument surmonté d’une croix de métal rappelle les noms des victimes des deux guerres à Huombois.
Au sommet de cette colline plantée de pins qui domine la carrière INR et la scierie Dusausoit actuelle, subsiste une étrange construction de béton recouverte par la végétation : il s'agissait vraisemblablement d'un captage d'eau pour les besoins de la scierie allemande située en contrebas.
La stèle au pied de l’église rappelle le nom des soldats morts au champ d’honneur et des victimes civiles des deux guerres.
Francis André, paysan, bucheron et écrivain fratinois, a été déporté durant l’hiver 1916-1917 au camp de Cassel comme beaucoup d'autres hommes de notre région. Il en est revenu vivant, mais marqué par la cruauté humaine.
Le quartier de Landin subit lui aussi les exactions des Allemands qui ont débordé les champs de bataille de Rossignol et Bellefontaine : la maison du garde-barrière est incendiée, les habitants sont sauvagement traités. Sur le mur de l’ancienne gare, une plaque commémorative, détruite par les nazis en 1940, est dédiée aux 5 victimes civiles assassinées le 22 et le 23 aout 1914.
Comme le suggère la stèle au passage à niveau sur la N 87, Huombois a souffert du passage des Allemands : six maisons ont été pillées et incendiées le 21 aout 1914 et quatre de ses habitants tués, dont le garde-barrière Antoine Badoux, froidement exécuté à Buzenol.
Une plaque fixée au mur de l’école communale (ancienne mairie) rappelle les noms des soldats et des déportés victimes de la guerre, dont les corps reposent au cimetière du village. Villers n’a pas eu à déplorer de violences particulières en aout 1914. Toutefois, le village a été le lieu d’une action mémorable : le drapeau du 2e RIC, échappé de la bataille de Rossignol, a été recueilli par une habitante du village et caché en terre pendant toute la durée du conflit. Un panneau d’information du circuit touristique « Chemin de la Mémoire : sur les traces de la bataille des Frontières d’aout 1914 » rappelle les circonstances de cet acte courageux.
Du haut de la crête, vue plongeante sur la vallée de la Rulles, empruntée par les convois allemands en route vers la France au lendemain de leur victoire dans la vallée de la Semois. Dans le village de Houdemont, 11 civils sont assassinés et 61 maisons incendiées le 24 aout. Jean Mergeai, écrivain natif de Mortinsart, en a rapporté l’une et l’autre scène dans son roman « Champvenance » en 1978.
Plusieurs sépultures sont à observer, dont celle du vicaire Pierret, pendu par les Allemands la nuit du 22 au 23 aout. Sa tombe se trouve au pied de la muraille supérieure, face à l’allée centrale. Le vocabulaire de l’inscription souligne la barbarie de l’ennemi.
Bravo pour votre participation et merci pour vos commentaires constructifs !
guide@etalle14-18.be
Pierre Lemaire, Guide 14-18 de la Lorraine gaumaise —Tél +32 472 631 671
Vingt-huit maisons ou dépendances du village ont été incendiées le 22 et le 23 aout 1914. Il subsiste quelques signes de cette catastrophe pour l'oeil averti : les caractéristiques architecturales de la reconstruction de certaines de ces maisons sont typiques.
Observer les moellons de pierre de style "harpé" encadrant les baies ainsi que le millésime sur le linteau de l'une ou l'autre des portes d’entrée, sur celles des façades qui ont été heureusement conservées en l’état.