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Situé de l'autre côté de la Meuse, Outre-Meuse est un des quartiers populaires de Liège. Les traditions y sont restées vivantes, comme en témoignent le 15 août et les autres manifestations organisées tout au long de l'année. Terre natale de la marionnette Tchantchès, André Grétry et Georges Simenon y ont grandi. À côté de son folklore, Outre-Meuse se découvre également pour son patrimoine, qu'il soit modeste (enseignes, potales, etc.), ou plus imposant (églises, couvents, etc.).
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C'est en 1877 que les autorités décidèrent de relier par une passerelle les deux rives de la Meuse. La première passerelle fut terminée en 1880. Épargnée durant la première guerre mondiale, elle fut sabotée au début de la seconde. Reconstruite après la guerre, la passerelle fut réouverte en 1949. Dans les années 1990, elle fut réaménagée et dotée à cette occasion de la rampe
Jusqu’en 1872, le boulevard Saucy était occupé par un bief. En 1873, le nouveau boulevard reprit le nom du bief disparu. Il fut bordé par de nouvelles constructions lui donnant la physionomie que nous lui connaissons. Bâtiment emblématique du boulevard, l’athénée a été inauguré en 1883. Au-dessus de l’entrée, une statue représente un ouvrier métallurgiste en pleine réflexion. Elle est l’oeuvre de Guillaume Beaujean. L'athénée porte le nom de Maurice Destenay, qui fut bourgmestre de Liège et ministre d'état.
Tchantchès est le nom donné à une marionnette qui apparut à Liège au XIXe siècle. Personnage populaire, Tchantchès devint au fil du temps l’archétype même du Liégeois. Il était donc légitime de lui élever un monument. Imaginée par Joseph Zomers, le statue représente une hiercheuse, nom donné aux femmes qui tiraient les wagonnets dans la mine, portant la marionnette de Tchantchès. Décédé en 1928, Zomers ne vit pas le monument inauguré en 1936. Le piédestal est précédé d'une vasque et d'un jardinet, conçus par l'architecte Bernimolin. Suite à la création d'un rond point en 1996, le monument a été déplacé de quelques mètres.
Créé en 1947 par la République libre d'Outre-Meuse, le musée Tchantchès était situé à l'origine dans la rue Grande-Bêche. Il fut installé en 1959 au n°56 de la rue Surlet. L'année suivante, il accueillit le Théâtre Royal Ancien Impérial, un hôte prestigieux riche d'une collection de 129 marionnettes. Aujourd'hui, le musée propose des spectacles et expose une impressionnante collection de marionnettes liégeoises. Le bâtiment est également occupé par la République libre d'Outre-Meuse. Fondée en 1927, elle défend les traditions et le folklore du quartier. Elle cordonne et organise la grande manifestation d'Outre-Meuse : le 15 août.
Moment fort de l'agenda liégeois, le 15 août mêle le religieux, le folklore et le goût des Liégeois pour le pèkèt, nom donné à un alcool local. Plusieurs manifestations rythment ces festivités : messe en wallon, tirs de campes ou encore cortège folklorique. La sortie de la Vierge noire, figure centrale de la procession du 15 août, constitue l'un des moments forts de ces festivités. Statue datée des années 1600, elle doit son nom à sa patine qui a foncé au fil des siècles. En soirée, le quartier se transforme en une grande fête populaire animée par plusieurs concerts et de nombreux stands de pèkèt. Le 16 août, l’enterrement de Matî l'Ohè clôt les festivités.
Situé au n° 58 de la rue Roture, une plaque rappelle que, selon la légende, c'est à cet endroit que Tchantchès vit le jour. Bien que faite de bois, la marionnette Tchantchès à sa propre légende non dénuée d'humour... Ainsi, Tchantchès naquit en Outre-Meuse en l'an 760. Lors de son baptême, sa tête cogna les bords des fonts baptismaux, de là il garda un visage ingrat et un nez disproportionné. Ayant avalé un morceau de fer à cheval, il ne pouvait plus tourner la tête ou la baisser. Malgré tous ces malheurs, cela n'empêcha pas Tchantchès d'avoir une vie bien remplie. Prince d'Outre-Meuse, introduit à la cour de Charlemagne, il était un combattant redoutable avec ses coups de tête empoisonnés. Aucune armure ne pouvait résister à son terrible coup de tête. Après avoir vengé la mort de son compagnon Roland, il rentra à Liège. Il mourut à 40 ans de la grippe espagnole... Toujours selon sa légende, Tchantchès fut enterré là où se dresse sa statue.
Le nom de Roture viendrait du vieux français rote, signifiant route, et n'aurait pas de lien direct avec le mot roturier. Ruelle populaire, Roture est l'une des vieilles rues d'Outre-Meuse comme en témoignent ses nombreuses bâtisses des XVIIe et XVIIIe siècles. La rue a également conservé une potale, nom donné aux niches et aux chapelles qui accueillent une statue, souvent celle de la Vierge, veillant sur le quartier. Le quartier d'Outre-Meuse en compte d'ailleurs encore beaucoup. Enfin, deux grilles placées au début du XXe siècle terminent la rue. Appelées "La cage aux lions", elles furent installées afin de freiner la course des enfants et de les protéger du charroi de la rue Puits-en-Sock.
Le nom de Puits-en-Sock est composé de deux parties, Puits et Sock. Si le mot Puits ne fait guère de mystère, on s'interroge encore sur la signification du Sock. Artère ancienne, elle était la voie naturelle pour rejoindre l'Allemagne. Comme Roture, elle a conservé de nombreuses bâtisses anciennes, dont certaines sont décorées d'enseignes du XVIIIe siècle. En levant les yeux, on peut lire AU MORIANE – 1729 au n°22, À L'ANNEAU D'OR - 1723 au n°35, AU GLAND D'OR - 1750 au n°50 et À LA LANCE D'OR au n°56. Autre élément visible sur une enseigne de la rue : une représentation du château de Franchimont au n°29.
Comme son nom l'indique, cette rue mène à l'ancien couvent des Récollets. Rue ancienne, elle fut habitée par les drapiers, corporation qui était très présente dans cette partie de la ville. Au n°34, le musée Grétry vous invite à découvrir la vie de ce compositeur au travers de nombreux objets et documents dont certains lui ont appartenu. En vogue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, une inscription rappelle la naissance de ce grand compositeur en 1741. Décédé en 1813, le musée fut inauguré solennellement cent ans après en présence du roi Albert Ier et de la reine Élisabeth.
usqu'à la Révolution, l'église Saint-Nicolas et l'auberge Simenon, à côté, formaient le couvent des Récollets. Ordre religieux se revendiquant de saint François d'Assise, les Récollets s'installèrent à Liège à la fin du XVe siècle. Confisquée à la Révolution, l'église du couvent fut transformée en église paroissiale en 1804. Dédiée à saint Nicolas depuis cette époque, l'église, datant du début du XVIIIe siècle, renferme la statue de la Vierge noire, sortie lors des festivités du 15 août. Quant au reste du couvent, il est aujourd'hui occupé par une auberge de jeunesse. Elle porte le nom d'un des plus célèbres enfants d'Outre-Meuse : Georges Simenon.
L'actuelle église Saint-Pholien fut terminée en 1914. De style néogothique, elle fut imaginée par l'architecte Edmond Jamar. Bien que récente, la présence d'une église dédiée à saint Pholien à cet endroit remonte au Moyen Âge. L'église Saint-Pholien fut immortalisée par un roman de Georges Simenon : Le pendu de Saint-Pholien. S'inspirant d'un fait divers, la découverte d'un pendu à la porte de l'église, Simenon signa avec ce livre de 1931 l'une des premières apparitions du commissaire Maigret.
Le monastère du Val des Écoliers fut fondé au XIIIe siècle et subsista jusqu'à la Révolution, époque à laquelle il fut transformé en caserne. Profondément modifié et aménagé au XIXe siècle, il reste encore quelques vestiges du monastère, dont l'ancienne salle capitulaire datant du XIVe siècle. Parmi les bâtiments construits au XIXe siècle, l'imposant manège de 1837 est utilisé aujourd'hui pour des manifestations. La caserne porte le nom du cavalier Antoine Fonck, premier soldat belge tué lors de la Grande Guerre. Son régiment, le 2e régiment de lanciers, était caserné dans ces bâtiments. Désafectée, l'ancienne caserne est occupée depuis 1999 par une école d'art.
Terminé en 1877, le boulevard de la Constitution occupe l'emplacement d'un ancien bief transformé en une voirie rectiligne plantée d'arbres. Chaque vendredi, à l'ombre de ceux-ci, se tient le marché aux puces de Saint-Pholien. Bâtiment emblématique situé sur le boulevard, l'entrée de l'ancien hôpital de Bavière fut édifiée en 1895. À l'origine, l'hôpital de Bavière, installé dans une ancienne propriété du prince-évêque Ernest de Bavière, était situé à l'emplacement de l'actuelle place de l'Yser. Déplacé à cet endroit à la fin du XIXe siècle, seule fut conservée la chapelle. Démontée et installée à côte de l'entrée principale, elle fut inaugurée en 1899. Dans les années 1980, l'hôpital s'installa à la Citadelle. Le bâtiment désaffecté attend encore, comme les site, une nouvelle affectation.
Fondé par Jean-Ernest de Surlet de Chokier en 1698, l'hospice Sainte-Barbe fut construit afin d'y placer les mendiantes, les vagabondes, les femmes indisciplinées et, par la suite, les femmes jugées démentes. Après la Révolution, le bâtiment servit d'orphelinat jusqu'à sa vente dans les années 1980 par le C.P.A.S. de Liège. Acquis par l'asbl la Maison Heureuse, l'ensemble, comportant une chapelle néogothique, des bâtiments du XIXe et un bâtiment du XVIIe siècle, fut rénové par l'architecte Charles Vandenhove. Inséré dans un mur, un canon vient rappeler qu'à côté de l'ancien hospice Sainte-Barbe se dressait un balloir, terme synonyme de bastion.
La rue et le quai des Tanneurs rappellent l'activité qui régnait dans ce quartier. Les tanneurs, comme les drapiers, formaient l'un des 32 bons métiers (corporations) que comptait la cité de Liège. Le quai compte encore plusieurs anciennes demeures, dont celle située au n°11 et portant l'inscription AUX 3 COURONNES D'OR – 1759. Non loin du quai, le bâtiment aux n°16 et 18 de la rue des Écoliers, à l'enseigne À la Pomme d'Or, est occupé par la mairie de la Commune libre de Saint-Pholien-des-Prés. Elle aussi veille a la sauvegarde du folklore du quartier.
Le Tchantchès du bas-relief d’Adelin Salle, au pont des arches (côté Outremeuse), sur votre gauche, fait un pied de nez à son quartier d’origine, Outremeuse.
Paradoxal ? Pas vraiment, car il montre l’esprit farceur des gens d’Outremeuse, et surtout que les habitants du quartier d’Outremeuse n’ont pas peur de se moquer gentiment d’eux-mêmes.